La Bolivie veut maîtriser ses ressources

Publié le par Nessa

 

Evo Morales ne veut pas partager l'exploitation de son précieux lithium, si utile pour nos voitures électriques. Bolloré s'en remettra. Il est déjà branché en Argentine.

Evo Morales met les étrangers à la porte. Le tonitruant président bolivien vient de le faire savoir. Son pays, l'un des plus pauvres du monde, s'occupera tout seul du fabuleux gisement de lithium qu'il possède sur ses terres : entre 40 et 70 % des réserves mondiales identifiées à ce jour, selon les sources.

Un bien précieux

Pour rester maître de son magot, le petit pays investira 900 millions de dollars d'ici à 2014, l'horizon fixé pour produire lui-même des batteries au lithium. On peut le comprendre. Le lithium est un bien précieux, plus précisément un métal mou de plus en plus utilisé dans l'industrie mondiale pour des applications multiples. C'est notamment l'élément clé pour faire fonctionner les batteries, tout particulièrement celles qui font rouler les voitures électriques. Bref, une poule aux oeufs d'or potentielle.

Sale coup pour les industriels qui lorgnaient depuis quelques années sur le gisement bolivien, les japonais Mitsubishi et Sumitomo ; le coréen LG et le français Bolloré. Associé à Eramet (détenu à 25 % par Areva), Vincent Bolloré a été l'un des tout premiers à se positionner en Bolivie, sur le désert de sel d'Uyuni. Et même à promettre à Morales d'assembler des batteries sur place.

L'entrepreneur breton se coupe ainsi d'une source potentielle intéressante, mais apparemment sans se mettre en danger. D'une part, il a accès, comme tout le monde, au marché mondial du lithium qui ne semble pas saturé. D'autre part il a passé, toujours en association avec Eramet, un contrat d'exploration en Argentine, avec option d'achat... À terme, cet investissement dans le nord du pays pourrait lui permettre d'assurer l'équipement en batteries de 100 000 véhicules par an. Rappelons que Bolloré vise une production de l'ordre de 20 000 batteries par an à partir de 2012 dans son usine d'Ergué-Gabéric. Il n'y a donc pas le feu.

Un épisode de la « guerre des métaux »

En fait, le lithium n'est qu'un signal parmi d'autres d'une « guerre » d'un nouveau type sur le front des métaux rares. Car ils deviennent indispensables aux nouvelles technologies : antimoine pour les semi-conducteurs, tungstène pour les têtes de missile, thallium pour l'imagerie nucléaire... Ce qui en fait une arme redoutable pour ceux qui la possèdent. Or, la très grande majorité de minéraux stratégiques se trouve en Chine, qui a décidé, sans autre forme de procès, de réduire brutalement ses exportations vers le Japon et les États-Unis... Comme par hasard, des pays avec qui elle n'est pas au mieux. La guerre économique a trouvé un nouveau terrain de jeu.

© Ouest-France.fr

Publié dans Economie

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